Promouvoir la citoyenneté en santé dans une société démocratique
La crise de la Covid-19 a donné lieu, en France, à l’adoption d’un « état d’urgence sanitaire ». Comme ce fut le cas lors de l’instauration du précédent « état d’urgence », suite aux attentats terroristes de 2015, un certain nombre de dispositions glissent dans le droit commun au détriment des libertés individuelles et collectives. Le Parlement et les instances consultatives de notre démocratie ont été tenues à l’écart des décisions, pourtant lourdes, prises dans le cadre de la gestion de la crise pandémique. L’ensemble de la démocratie sanitaire a subi le même sort : représentants des professionnels de santé et des malades, organismes sanitaires et sociaux. Le gouvernement a choisi de concentrer les pouvoirs dans ses mains, de légiférer par ordonnance, de concentrer ses décisions autour d’un « conseil de défense », organe qui se réuni à huis-clos et n’établit pas de compte-rendu de ses débats. Ce qui a pu être vu comme une mode de gouvernance exceptionnel valable sur le court terme s’installe maintenant dans la durée.
Par ailleurs, la crise sanitaire a vu les autorités mettre en œuvre une approche avant tout punitive et une communication exclusivement verticale et infantilisante. Tout se passe comme si le fonctionnement pluraliste de notre démocratie était vu comme une entrave à la gestion d’une situation exceptionnelle alors qu’il en est justement l’un des meilleurs outils. En choisissant la démocratie et donc la confiance, on obtient l’engagement. C’est un élément clé de la réussite de toute démarche de de santé publique ; à l’opposé de la peur et de l’obéissance, fruits éphémères d’une dérive autoritaire.
Cette vision sécuritaire, autoritariste et infantilisante reflète un projet politique auquel tout nous oppose et témoigne d’une ignorance, feinte ou réelle, de la réalité sociale de notre pays. Sans droits sociaux assurant chacun de ne pas être soumis aux aléas de la vie, les libertés ne sont que des mots creux. Si l’on entame la liberté de chacun, c’est que les droits sociaux ont été amoindris, rabotés, estompés pendant des décennies.
Il est essentiel de réaffirmer le lien intangible entre les libertés fondamentales individuelles et les droits sociaux collectifs. Il est essentiel de militer pour la citoyenneté en santé, seule à même de permettre une politique de santé publique bénéficiant à tous et de faire progresser le droit universel à la santé.